La filière du nucléaire occupe une place importante dans l’économie française. Positionnée en tant que troisième filière industrielle au niveau national, elle génère plus de 220 000 emplois directs et indirects répartis dans 3 000 entreprises. Et le secteur ne cesse de se développer puisque 100 000 nouveaux recrutements sont à prévoir d’ici à 2030.
En Bourgogne-Franche-Comté, bien qu’il n’y ait pas de centrale nucléaire implantée dans la région, l’activité de la filière est portée par 270 entreprises qui emploient près de 23 000 personnes. Elle se structure autour de trois secteurs d’activités distincts : la fabrication de composants et d’équipements pour les installations nucléaires de base, l’exploitation et la maintenance des équipements et des bâtiments, ainsi que l’étude, la conception et l’analyse.
Le Grand Chalon : un territoire du nucléaire
Le territoire du Grand Chalon n’est pas non plus en reste. Son tissu économique local spécialisé dans la métallurgie est historiquement tourné vers le nucléaire. À ce jour, on ne dénombre pas moins de 5 000 emplois répartis dans 210 entreprises, ce qui représente 40% de l’emploi industriel. En part d’emploi, le Grand Chalon se place ainsi en troisième position derrière Le Creusot et Belfort.
Parole d’experte : Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire
Cette prouesse est notamment due à la présence de Framatome, Fluidexpert, installée dans la zone SaôneOr, et au centre d’expérimentation des techniques d’interventions sur les chaudières nucléaires (CETIC) qui permet aux techniciens et ingénieurs de se former dans les conditions réelles d’une centrale nucléaire.
À elle seule, Framatome, multinationale française spécialisée dans la construction de chaudières nucléaires, compte environ 2750 salariés – 1 400 sur le site de Chalon-sur-Saône et 1 350 sur celui de Saint-Marcel –qui œuvrent à la construction des réacteurs nucléaires EPR 2 français. Rien que l’année dernière, Framatome a effectué 590 recrutements en Saône-et-Loire, et elle en annonce autant pour 2024.
Une forte demande de main-d’œuvre qualifiée
Malgré l’impact positif de la filière du nucléaire sur le territoire : commandes aux fournisseurs, emplois induits, installation de jeunes diplômés et familles, certains métiers ne restent pas moins en tension depuis fin 2021. À l’horizon 2030, cette tension pourrait s’accentuer pour les métiers les plus recherchés, créant de la concurrence entre les filières industrielles.
Dans le Grand Chalon, la majorité des emplois se concentrent dans de grands établissements où la plupart des salariés sont en contrat à durée indéterminée et où la rémunération est nettement supérieure à celle des autres industries. Cela dit, même avec tous les efforts déployés par les entreprises pour diversifier leurs sources en termes de recrutement, la filière manque d’attractivité auprès des jeunes, entraînant indéniablement une pénurie de main d’œuvre. C’est le cas notamment pour les postes de chaudronnerie, soudure ou encore usinage.
Préparer les jeunes à travailler dans le nucléaire
En réponse à ce nouvel enjeu primordial pour les acteurs de la filière du nucléaire, le Grand Chalon et les entreprises du territoire unissent leurs forces pour mettre en place des actions dans le but de favoriser l’acquisition des compétences auprès des alternants et des jeunes diplômés.
À cet effet, Framatome a développé plusieurs offres de formations et créé l’Inspection Academy basée sur le site de Saint-Marcel, la première école au monde à former et diplômer des inspecteurs qualité-industrie nucléaire. Fluidexpert, spécialisée dans la conception et la construction de systèmes de transmission de puissance, a également la particularité de disposer de son propre espace de formation pour les salariés, mais aussi pour les clients et les entreprises ayant un besoin particulier.
Pour promouvoir l’industrie, le Grand Chalon et les entreprises du territoire organisent depuis 2023 Viva Factory. Cet événement à destination des jeunes a pour objectif de faire changer l’image des métiers de l’industrie.
À l’échelle nationale, l’Université des métiers du nucléaire, créée en 2021 par les acteurs de la filière nucléaire, l’Union Française de l’Électricité (UFE), UIMM, Nuclear Valley, France Industrie et France Travail, s’implique, elle aussi, pour faciliter et accélérer l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins de la filière.
À travers son portail Mon avenir dans le nucléaire, elle met en avant les différents métiers et parcours de formation pour permettre de mieux construire sa carrière professionnelle au sein de la filière du nucléaire.