La filière du nucléaire occupe une place importante dans l’économie française. Positionnée en tant que troisième filière industrielle au niveau national, elle génère plus de 220 000 emplois directs et indirects répartis dans 3 000 entreprises. Et le secteur ne cesse de se développer puisque 100 000 nouveaux recrutements sont à prévoir d’ici à 2030.
En Bourgogne-Franche-Comté, bien qu’il n’y ait pas de centrale nucléaire implantée dans la région, l’activité de la filière est portée par 270 entreprises qui emploient près de 23 000 personnes, ce qui représente 2,5 % de l’emploi régional et 14,9 % de l’emploi industriel. Elle se structure autour de trois secteurs d’activités distincts : la fabrication de composants et d’équipements pour les installations nucléaires de base, l’exploitation et la maintenance des équipements et des bâtiments, ainsi que l’étude, la conception et l’analyse.
Le Grand Chalon : un territoire du nucléaire
Le territoire du Grand Chalon n’est pas non plus en reste. Son tissu économique local spécialisé dans la métallurgie est historiquement tourné vers le nucléaire. À ce jour, on ne dénombre pas moins de 5 000 emplois répartis dans 210 entreprises, ce qui représente 40% de l’emploi industriel. En part d’emploi, le Grand Chalon se place ainsi en troisième position derrière Le Creusot et Belfort.
Parole d’experte : Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire
Cette prouesse est notamment due à la présence de Framatome, Fluidexpert, installée dans la zone SaôneOr, et au centre d’expérimentation des techniques d’interventions sur les chaudières nucléaires (CETIC) qui permet aux techniciens et ingénieurs de se former dans les conditions réelles d’une centrale nucléaire.
À elle seule, Framatome, multinationale française spécialisée dans la construction de chaudières nucléaires, compte environ 2750 salariés – 1 400 sur le site de Chalon-sur-Saône et 1 350 sur celui de Saint-Marcel –qui œuvrent à la construction des réacteurs nucléaires EPR 2 français. Rien qu’en 2023, Framatome a effectué 590 recrutements en Saône-et-Loire.
Une forte demande de main-d’œuvre qualifiée
Malgré l’impact positif de la filière du nucléaire sur le territoire : commandes aux fournisseurs, emplois induits, installation de jeunes diplômés et familles, certains métiers ne restent pas moins en tension depuis fin 2021. À l’horizon 2030, cette tension pourrait s’accentuer pour les métiers les plus recherchés, créant de la concurrence entre les filières industrielles.
Dans le Grand Chalon, la majorité des emplois se concentrent dans de grands établissements où la plupart des salariés sont en contrat à durée indéterminée et où la rémunération est nettement supérieure à celle des autres industries. Cela dit, même avec tous les efforts déployés par les entreprises pour diversifier leurs sources en termes de recrutement, la filière manque d’attractivité auprès des jeunes, entraînant indéniablement une pénurie de main d’œuvre. C’est le cas notamment pour les postes de chaudronnerie, soudure ou encore usinage.
Préparer les jeunes à travailler dans le nucléaire
En réponse à ce nouvel enjeu primordial pour les acteurs de la filière du nucléaire, le Grand Chalon et les entreprises du territoire unissent leurs forces pour mettre en place des actions dans le but de favoriser l’acquisition des compétences auprès des alternants et des jeunes diplômés.
Le Pôle Formation UIMM et le Cnam Bourgogne-Franche-Comté s’associent donc pour proposer à la rentrée 2025 un nouveau diplôme spécialisé dans les métiers du nucléaire : la Licence CAPPI – Conception et Amélioration de Processus et Procédés Industriels / Parcours Innovation Produit Process – Nucléaire.
Grâce à une approche pédagogique en mode projet, alliant la théorie à la pratique, les étudiants bénéficieront d’un enseignement de pointe, dispensé par des experts industriels et académiques. Un programme inédit en France qui permettra de former, à hauteur d’une quinzaine d’alternants par an, des techniciens spécialisés en conception et fabrication d’équipements nucléaires fortement recherchés par les entreprises du territoire.
Le Grand Chalon est en train de s’imposer comme un véritable pôle d’excellence du nucléaire en France. Entre le développement de nouvelles formations, le soutien aux technologies de pointe et l’agrandissement de l’usine Framatome, notre territoire prend toute sa place dans la relance de la filière. Nous avons ici les compétences, les infrastructures et l’ambition pour répondre aux défis énergétiques et industriels de demain.
Sébastien MARTIN, Président du Grand Chalon
À l’échelle nationale, l’Université des métiers du nucléaire, créée en 2021 par les acteurs de la filière nucléaire, l’Union Française de l’Électricité (UFE), UIMM, Nuclear Valley, France Industrie et France Travail, s’implique, elle aussi, pour faciliter et accélérer l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins de la filière.
À travers son portail Mon avenir dans le nucléaire, elle met en avant les différents métiers et parcours de formation pour permettre de mieux construire sa carrière professionnelle au sein de la filière du nucléaire.
La Semaine des métiers du nucléaire
Du 03 au 07 février 2025 s’est déroulée la Semaine des métiers du nucléaire, une initiative portée par le Grand Chalon, France Travail et l’Université des métiers du nucléaire.
Son objectif : faire découvrir les métiers de la filière nucléaire, leurs formations et les opportunités de recrutement en invitant les entreprises et structures concernées à ouvrir leurs portes.
C’est dans ce cadre que s’est tenu, au CETIC, le lancement du réseau Women in Nuclear (WiN) en Bourgogne-Franche-Comté, en présence de sa Présidente de WiN France, Emmanuelle Galichet, et de nombreuses représentantes de la filière nucléaire.
Alors que 80% des salariés qui travaillent pour la filière nucléaire dans la région Bourgogne-Franche-Comté sont des hommes, le réseau s’engagera à promouvoir la féminisation de ces métiers par le biais d’initiatives dédiées :
- aller à la rencontre des acteurs locaux
- s’inscrire dans différents événements du territoire, tel que Viva Factory
- organiser des rencontres pour que les femmes issues de la filière nucléaire puissent se connaître entre elles
- faire grandir l’antenne locale de Women In Nuclear (WiN) et augmenter le nombre d’adhésion.
Le Groupe EDF va recruter en Bourgogne-Franche-Comté près de 850 personnes en 2025. C’est dans ce cadre que s’inscrit le soutien actif du groupe EDF, qui au CETIC organise avec l’Université des métiers du nucléaire et ses partenaires un temps fort de promotion des métiers du nucléaire, notamment auprès des jeunes filles.
Carmen MUNOZ-DORMOY, Directrice Action Régionale du Groupe EDF en Bourgogne-Franche-Comté.